dimanche 7 février 2016

Femme au foyer ; Jill Alexander ESSBAUM.

Édition : Albin Michel.
Prix : 22 €
Sortie : 07/01/2016
Pages : 400

Femme au foyer,
Jill Alexander ESSBAUM.



Résumé.

Anna était une bonne épouse. La plupart du temps.

Best-seller aux Etats-Unis, le premier roman de la poétesse américaine Jill Alexander Essbaum renouvelle de manière magistrale la réflexion sur l'identité féminine et la quête de soi.

Anna, une Américaine de trente-sept ans, est l'épouse modèle d'un banquier suisse. Femme au foyer, elle se consacre à leurs trois enfants qu'elle élève dans une riche banlieue de Zurich. Une cage dorée très vite gagnée par l'ennui. Incapable de communiquer avec un mari de plus en plus distant, Anna enchaîne les aventures sexuelles, mais mettre fin à ces relations devient de plus en plus difficile...


Portrait intime et intense d'une femme en rupture, ce livre, où réalisme et poésie se mêlent subtilement, interroge la sexualité et le désir dans toute leur force libératrice et subversive.
















Un grand merci aux éditions Albin Michel.

Dans « Femme au foyer », nous suivons le quotidien de Anna, une américaine qui vit en Suisse. Elle a suivi son mari, banquier suisse, dans son pays natal, laissant tout ce qu’elle avait derrière elle.
Dans ce nouveau pays, Anna consacre sa vie à son mari et à ses trois enfants. Cependant, cette femme s’ennuie très vite et ne parvient pas vraiment à s’introduire dans cette société si différente de la sienne. 
Alors que son mari ne lui prête plus vraiment attention, Anna va trouver du réconfort dans les bras de plusieurs amants, qui vont tous avoir un rôle plus ou moins important dans sa vie.
S’enfonçant chaque jour de plus en plus dans l’infidélité, Anna perd pieds et ne sait plus comment sortir de cette cage dorée qu’est son quotidien.

J’ai de suite été attirée par ce livre, par ce résumé. 
De plus, la citation du Time Magazine présente sur la quatrième de couverture ne peut qu’aiguiser notre curiosité : « Femme au foyer, c’est Anna Karénine qui vire Cinquante nuances de Grey, avec quelque chose de Madame Bovary ».
En toute franchise, je pensais trouver une histoire sensuelle, mais bien écrite et porteuse de ‘vrais’ messages. 
En refermant ce livre, je peux dire que j’ai été très surprise par ce que j’ai pu réellement lire.

« Femme au foyer » est divisé en trois parties : Septembre, Octobre, Novembre.
Ce découpage, savamment choisi, va servir à l’auteur à mettre en place la mise en abime de Anna. 
Effectivement, plus le temps va passer, plus ce personnage va dégringoler dans la folie.
C’était particulier, mais intéressant à suivre tant la ‘spirale infernale’ dans laquelle se trouve ce personnage est hypnotisante et mortelle à la fois.

En plus de ce découpage, le récit est saccadé entre trois temps : le présent que vit Anna, le passé qu’elle a vécu avec des moments clés racontés, et ses passages chez son psychiatre. 
L’histoire est donc saccadée, tranchée, dérangeante, à l’image de la vie de Anna. C’est très perturbant et parfois un peu malsain de lire tous les passages passés de la vie de ce personnage, qui ne sont que des moments où elle commet des fautes, des erreurs, qui font qu’elle est complètement perdue dans le présent. On a l’impression de l’épier contre son gré, de lui voler ces instants, mais l’on veut savoir et connaître le dernier mot malgré tout.

La petite chose qui m’a dérangée pendant ma lecture et notamment au début, est la grande présence de mots en ‘allemand-suisse’.
Pendant la première cinquantaine de pages, on est comme Anna : complètement à l’ouest ! Je ne comprenais pas vraiment le but de ne pas les avoir traduits, mais au fur et à mesure que l’on avance dans l’histoire, on comprend le pourquoi. 

Les personnages sont assez étranges.
Anna est une héroïne qui nous attendrit, mais qui nous donne envie de la gronder également. Elle nous donne vraiment l’impression que, dès le début, quoi qu’elle ait pu faire ou choisi dans sa vie, elle était prédestinée à arriver à ce dénouement. 
Les personnages féminins représentent des facettes de l’humain en général : Anna est la folie, Edith le libertinage, Mary la soumission, la belle-mère de Anna la rectitude.
Quant aux personnages masculins, ils ne donnent pas une image très glorieuse du sexe masculin. Bruno, le mari de Anna, ignore sa femme et n’est pas accueillant avec les étrangers. Stephen est libertin et fait sa vie sans se soucier des gens qu’il peut blesser. Archie est égoïste.
J’ai eu beaucoup de mal à m’attacher a ces personnages qui n’ont pas pour but de nous attendrir, mais de nous montrer toutes les facettes de l’humanité, sans filtre ni pudeur.

La fin est horrible, prenante, intense.
Dès que nous arrivons au mois de novembre, le dénouement se met en place très vite et, même si l’on espère ne pas arriver à cela, la fin arrive telle que nous l’imaginons. Brute, rapide, nerveuse, mais aussi douce et préméditée car l’on s’y attend malgré tout.
Je suis encore chamboulée par cette histoire, alors que je l’ai fini depuis plusieurs heures.




En conclusion, « Femme au foyer » est plus qu’un titre léger et une couverture sympathique. Jill Alexander ESSBAUM nous offre l’histoire d’une femme qui perd pieds et voit son monde s’écrouler. Nous sommes bercés par un style littéraire plus que plaisant, mais qui ôte le masque de l’humanité pour nous présenter toutes les facettes les plus sombres de notre espèce.






Un livre à lire pour le côté psychologique.









Avez-vous lu ce livre ? 

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